Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

empoisonneuse se sont adressés à moi ! ). Qu’en dites-vous ? Je ne connaissais pas du tout Lassalle ; en cette occasion il m’a profondément déplu ; c’était une affaire d’amour où il n’y avait que vanité et pathos. J’ai reconnu en lui le type de l’homme important de notre avenir, que je suis forcé de nommer l’âge germano-judaïque.

Je suis encore sans maison en ville : j’aimerais bien quelque chose de permanent et je ne trouve rien. Je devrais faire bâtir, mais il faut deux ans pour cela. Est-ce que je vivrai si lontemps ? Et pourtant, il le faut. Mon jeune roi thésaurise, ajourne les travaux paternels, etc., pour conserver intacte la somme nécessaire à l’exécution des Nibelungen. Je n’ai pas encore eu un seul jour de véritable repos comme avant ; j’hésite, je ne sais qu’entreprendre en premier lieu. Après tout, je crois que je laisserai tout le reste là et que je terminerai les Nibelungen : si je dis cela au roi, il m’en choyera encore davantage.

Mais maintenant, écoutez : le 2 octobre, la première fois que le roi viendra au théâtre, je lui donne une représentation modèle du Vaisseau Fantôme (le seul de mes opéras malheureusement qui puisse être bien donné à présent). Tout est préparé pour que ce soit une représentation parfaite. Au milieu d’octobre, j’ai un grand concert eu je ferai exécuter mes nouveaux fragments, comme jadis à Carlsruhe. Viendrez-vous ? — En mai, l’année prochaine, Tristan avec les Schnorr. — Viendrez-vous aussi ?

Où en est le roman ? — Comment va Wille et les fils ? Veuillez leur faire mes meilleures amitiés. — Que fait « la contrée maudite ? » Me voulez-vous toujours du bien ?