Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chère, vénérée amie !

Je n’ai certainement pas besoin de vous dire le plaisir que votre lettre et votre invitation nous ont fait. Il est sûr que nous viendrons, car vous serez les premiers à qui nous nous présenterons mariés. Pour en venir là, il nous a fallu beaucoup de patience : ce qui était inévitable depuis des années, n’a pu arriver à une solution qu’après des souffrances de tous genres. Depuis que je vous ai vue en dernier lieu à Munich, je n’ai plus quitté mon asile, dans lequel s’est aussi réfugiée depuis lors Celle qui devait prouver qu’il y avait quelque chose à faire pour moi et que l’axiome formulé par tant d’amis : « il n’y a rien à faire pour Wagner », n’était pas juste. Elle savait qu’il y avait quelque chose à faire et elle l’a fait : Elle a bravé toutes les ignominies et pris sur elle toutes les condamnations. Elle m’a donné un fils merveilleusement beau et vigoureux que j’ai hardiment appelé Siegfried : il prospère à présent avec mes œuvres et me donne une vie nouvelle, qui a enfin trouvé sa raison d’être.

Nous nous sommes donc entr’aidés en dépit du « monde », d’où nous nous sommes entièrement retirés. De cette façon ce qui est vrai seul, nous est resté, et plus touchante que la conquête de nouveaux amis, a été pour nous la fidélité des anciens. Ma sœur, Ottilie Brockhaus, m’a déjà rendu visite l’automne passé avec sa famille ; j’aurais aimé à vous voir parmi eux. Maintenant, c’est la Saint-Jean qui vous amènera. Soyez les bienvenus du fond du cœur !