Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/144

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Mais maintenant écoutez : ne trouveriez-vous pas juste et significatif que je ne vous amène la mère de mon fils que comme ma femme légitime ? Ce n’est heureusement plus loin et nous espérons pouvoir pénétrer à Mariafeld encore avant la chute des feuilles. Mais conservez-moi tout entière votre vieille amitié et venez bien, bien vite chez nous, à Tribschen, avec tous les chers vôtres. Si vous avez des petits-enfants, amenez-les aussi ; vous trouverez ici une nombreuse jeunesse, qui se groupe joyeusement autour de la mère, tout à la fois leur institutrice et leur éducatrice. Outre cela, beaucoup de choses peut-être qui vous feront plaisir.

Comme nous nous réjouirions sérieusement et profondément si vous nous annonciez votre visite bien prochaine ! Chaque jour nous convient, nous sommes toujours prêts. —

Vous me l’aviez prophétisé, noble femme ! Vous rappelez-vous, lorsque, il y a six ans, j’ai pris congé de votre hospitalière maison ? J’étais misérable. Mais vous m’avez regardé et — vous m’avez prophétisé, — vous vous le rappelez bien ! Eh bien, amie, venez et convainquez-vous que vous avez le cœur qui fait les bons prophètes !

Soyez bénie ! Que tout ce qu’aime votre grand et noble cœur prospère ! C’est mon souhait à moi !

Votre
Richard Wagner.

Tribschen, 25 juin 1870.