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Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/146

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face du monde. Les paroles que Wagner a adressées à son « royal ami » me revinrent involontairement à l’esprit :

« Tu es le doux printemps, qui m’a paré de nouveau, — qui renouvelle la sève dans les rameaux et dans les branches ; — c’est ton appel qui m’a soustrait à la nuit, — qui retenait mes forces dans l’engourdissement de l’hiver. — Comme ton auguste et gracieux salut m’a ravi, — qui, accumulant les délices, m’a arraché à la douleur ; — fier de mon bonheur, je marche à présent par des voies nouvelles, — dans l’estival royaume de la Grâce. »

Ce fut un jour charmant que celui que nous passâmes à Tribschen, l’un des plus jolis points du lac de Lucerne, avec notre ami et son aimable femme, entourés de beaux enfants. Il y aurait beaucoup à dire de cette belle fête de famille : lorsque les premières effusions de joie après une longue séparation, eurent eu leur cours et que mon mari et Wagner se furent suffisamment expliqués à propos de Sedan, Bismarck et Napoléon, des profondeurs du jardin s’éleva, en mon honneur, une musique suave, entraînant l’âme vers les régions d’en haut, comme Wagner savait en créer.

Et ce ne fut pas le seul, il y eut maint autre beau jour que nous passâmes avec Wagner et les siens, même en hiver, malgré les glaces et les neiges, pendant les premiers mois de