Aller au contenu

Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’année 1871, comme si la vieille amitié était redevenue nouvelle, Mon fils aîné et sa femme, mes petits-enfants, les enfants que l’on amenait de Tribschen, mon plus jeune fils et d’autres hôtes appréciés, formaient un joyeux cercle. Chez mon mari comme chez Wagner, la source de la vie intellectuelle bouillonnait fraîche et joyeuse comme dix-huit ans auparavant, quand ils se réunissaient souvent et que Herwegh leur était cher.

J’avais avec la femme de Wagner les rapports les plus charmants : je sentais que je lui étais sympathique et qu’elle était attirée vers moi. C’était pour moi une apparition particulièrement attachante : la fille géniale de Liszt était semblable à son illustre père et pourtant bien différente ! L’intelligence, l’imagination et la poésie qui l’animaient, en faisaient la véritable compagne de Wagner et lui permettaient de le suivre en pleine connaissance de cause, sur toutes les hauteurs vers lesquelles l’entraînait son génie. Elle s’absorbait dans sa musique avec le plus recueilli des enthousiasmes, car le monde où il vivait, était aussi le sien ! Le génie de Wagner était ingénieux à trouver souvent pour elle quelque hommage musical, délicat et touchant. Dans sa maison elle était toute à sa tâche d’épouse et de mère, institutrice et éduca-