Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui. On pouvait le rencontrer dans d’autres cercles encore, avec des hommes d’esprit, mais « sans pilote et sans étoile ». Tout ce qu’il y a d’humoristique dans la vie, attirait Wille ; les bohèmes dans le style de Fielding excitaient son intérêt, tel, par exemple, le romancier Hermann Schiff, branche folle de l’école romantique, qui se mourait alors. Il ne pouvait, au contraire, souffrir les natures surexcitées qui ne comprennent que les grimaces superficielles et non le comique irrésistible qui se dégage de certains phénomènes biologiques. Il se tenait à l’écart du grand Hebbel, sur la Judith duquel il avait pourtant écrit un article plein de profondeur. Gutzkow aussi, qui vécut longtemps à Hambourg et qu’il connaissait bien, ne faisait point partie de ceux qu’il recherchait.

Du reste, amis et ennemis s’accordaient pour certifier que François Wille n’était pas fait pour le mariage. Il s’était marié pourtant en 1845 et doit avoir eu quelque vocation pour la vie de famille, puisqu’il la pratique depuis tantôt quarante-deux ans et qu’il la pratiquera encore quelques années, espérons-le, pour le plus grand bonheur de ses enfants et petits-enfants.

Beaucoup de choses ont changé à Hambourg : la grande époque qui a donné à l’Allemagne cette unité que souhaitaient beaucoup d’entre