Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/26

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ses loyaux enfants et qu’il leur était défendu de souhaiter il y a cinquante ans, cette époque a renouvelé, édifié, fortifié et mis un vêtement neuf à la vieille ville impériale, mais il paraît que le pavillon du Jungfernstieg avec son balcon latéral donnant sur l’Alster, est encore aujourd’hui ce qu’il était quand François Wille avait l’habitude d’y passer ses soirées d’été, devisant joyeusement et doctement.

« Vous vous approchez de nouveau, formes indécises — apportant avec vous l’image de jours joyeux — et mainte ombre chérie s’élève devant moi. — Semblable à une vieille légende à moitié perdue — surgit le premier amour et les vieilles amitiés. — La douleur redevient nouvelle et la mélancolie se reprend — à retracer l’inextricable dédale de la vie — et à énumérer les amis, qui, lésés de tant de jours — de bonheur, ont disparu avant moi — et, comme aux jours d’autrefois, je me sens envahi — par le désir de ce monde invisible, serein et grave. »

Ces nobles paroles de Gœthe, qui consacrent ce que le souvenir a de plus saint et de meilleur pour la vieillesse, m’échappent involontairement quand je cherche à percer les brouillards d’un lointain passé pour ressaisir les images de ma jeunesse ; elles pourraient suffire, mais, après avoir tracé l’esquisse du mari, il faut bien que la femme se montre, puisque c’est la