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Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/29

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moi était Clasing dont je conserve le souvenir avec reconnaissance, car je sais et je sens ce qu’il m’a donné.

Une fois par mois nous avions des auditions musicales qui n’étaient pas sans intérêt, mais peut-être que le souvenir en est plus beau que ne l’était la réalité ; aucun musicien n’exécuterait sans doute aujourd’hui le concerto dédié au prince Louis-Ferdinand avec l’intérêt que j’y mettais ; — il est vrai que le grand violoncelliste Bernard Romberg me faisait l’honneur de faire sa partie dans le quatuor qui m’accompagnait.

« J’entends retentir de sombres harmonies : — vaillantes, elles grandissent dans le cœur dilaté ; — jusqu’au fond de l’âme je les sens pénétrer, — éveillant en moi la douleur pour la patrie. »

C’est ainsi que commencent les stances écrites par Körner pour le prince Ferdinand, que j’aimais justement à cause de "sa douleur pour la patrie, " qui l’a conduit à la mort après la perte de la bataille de Saalfeld.

J’ai raconté ailleurs comment mon père, chassé de Hambourg, en sa qualité d’Anglais, au temps de Napoléon (Hambourg était alors une ville française, la quatrième de l’Empire), avait passé de dures années dans le Holstein,