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Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/31

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Je passe les années où j’appris à connaître le monde et la vie dans le bonheur et le luxe, où j’en sondai aussi la gravité et la profondeur dans la douleur et l’épreuve ; je passe les six années qui s’écoulèrent avant que nous ne nous décidassions, Wille et moi, à marcher ensemble à travers la vie.

J’admirais et plaçais bien haut l’Angleterre que chérissait mon père, mais la foi en une Allemagne forte comme la vie, héroïque jusqu’à la mort, patrie d’hommes d’élite, cette foi brillait à mon horizon comme une lointaine clarté. Le journaliste qui travaillait et luttait dans ce but, avait pour moi quelque chose de la grandeur d’Ulrich de Hutten — n’a-t-il pas été, lui aussi, de son temps, un journaliste ?

Je ne sais, je ne veux pas soutenir que d’autres sentiments plus féminins ne m’aient pas engagée à échanger ma liberté contre la dépendance de la femme mariée. En tous les cas, la vérité et la réalité de la vie ne m’ont jamais apporté de déceptions.

Ce sont des années d’agitation et d’émotions écrasantes que celles que j’ai passées pendant que mon mari était au centre de toutes les luttes politiques. Qu’ils étaient néfastes pour l’Allemagne, ces temps où la Révolution de Juillet forçait tous les regards à se tourner vers