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la France, qui chantait le « Ça ira » de la liberté. Comme l’enthousiasme dont les langues de feu avaient jadis allumé la guerre de l’Indépendance, avait parlé autrement !

L’année 1830 avait électrisé le monde : l’Italie, la Pologne, l’Allemagne s’étaient levées. On avait remué beaucoup de poussière et beaucoup de boue, mais le trésor que l’on cherchait, la perle de grand prix, nul ne l’avait trouvée. Les meilleurs expiaient leurs espérances en prison ou au bagne ; le désespoir était au cœur d’innombrables familles ; les chants que les pères avaient chantés, étaient défendus : la honte et la captivité étaient la part de ceux qui avaient osé rêver une Allemagne unifiée.

En 1840, le grand courant qui portait le siècle en avant, sembla s’arrêter comme pour laisser au nouveau roi de Prusse le temps de s’engager librement dans la voie des réformes qu’on espérait obtenir de lui.

Lorsque le Landtag prussien se réunit pour la première fois, les espérances se bornaient à attendre avec confiance ce qui pourrait résulter de l’entente établie entre le pouvoir du roi et les droits du peuple, mais les désillusions se succédèrent, anéantissant toute espérance et toute confiance, et la colère finit par éclater en présence des serments violés et des droits usur-