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Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/34

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alors à trembler en face des horreurs et des puissances funestes qui se déchaînèrent en mars 1848. Coup sur coup éclatèrent les grands événements, — Berlin, Vienne, Dresde, le grand-duché de Bade firent leur révolution, — la terre allemande vibrait sous l’effort gigantesque des forces prodigieuses qui se faisaient jour.

Dans notre vieil Hambourg aussi fermentait et bouillonnait le levain du moment ; le vin nouveau ne pouvait plus être conservé dans les vieilles outres. Je vois encore le cortège qui se rendit à l’hôtel de ville où siégeait la bourgeoisie, partant du Steinweg et oscillant au milieu d’une foule immense. Parmi les spectateurs, il y avait bien des figures rendues livides par la terreur.

Avant la fin même de mars, le Vor-Parlament siégeait à Francfort ; Wille y avait été délégué par une députation des Marches du Hanovre ; son activité était devenue dévorante : c’est dans sa maison que s’enrôlaient à son appel les volontaires qui allaient se battre pour le Schleswig-Holstein. Membre du Parlement, il jugea sainement et clairement maintes questions brûlantes qui portaient à son paroxysme l’exaltation de beaucoup d’autres.

Entre-temps j’avais reconnu qu’il n’y avait rien en moi de la femme Spartiate ; le désordre