Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/36

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nal, quand le Schleswig-Holstein, lui aussi, abandonné par la Confédération, réduit à ses propres forces, battu à Idstedt, fut livré à la diplomatie et réintégré par elle dans sa vieille dépendance vis-à-vis du Danemark, alors le séjour à Hambourg ne fut plus possible pour ceux qui avaient pris part à la lutte.

Ce n’était plus le temps de l’action, c’était celui de l’attente, celui où l’on regarde venir ! La lumière dont les rayons n’avaient point fait gernaer des sentiments vils, n’était pas éteinte ! Celui qui a foi en une idée, espère des miracles et le bâton du prophète, qui peut faire jaillir des sources dans le désert, n’abandonne point sa main ! Du reste, ce n’était pas un désert bien difficile à franchir que celui dans lequel nous allions pénétrer : c’était volontairement que nous partions, nulle persécution politique ne nous y contraignait.

Ma famille, qui se groupait avec quelque chose de la fidélité du clan écossais autour du couple chéri qui en était tout à la fois la tête et le lien, ma famille nous voyait partir avec étonnement et regret. « Que diable, quitter Hambourg pour aller s’empaysanner à la campagne ! » disait un franc bourgeois de la ville, artisan libéral auquel mon mari voulait du bien. D’autres, plus cultivés, étaient d’avis qu’un