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Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/43

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dans les circonstances les plus diverses, se retrouvaient à Zurich. Beaucoup de nécessiteux étaient arrivés de Bade, plusieurs d’entre eux se fixèrent en Suisse.

De nos compatriotes du Nord, nul n’était parvenu jusqu’à nous. Nous savions combien de Schleswig-Holsteinois végétaient à Hambourg, les yeux fixés sur des temps meilleurs. Des amis personnels de mon mari avaient émigré en Amérique ; d’autres, qui avaient servi dans le Holstein, avaient été expédiés au Cap pour coloniser un territoire acheté dans ce but par un Bruns wickois patriote. Tout était bien sérieux alors et il y avait des choses désespérément tristes ! En décembre 1851, il passa comme un souffle orageux d’espérance sur les exilés et sur les proscrits, les événements de France produisirent une profonde surexcitation, même chez mon mari. « Le mythe napoléonien », comme il disait, avait rendu le coup d’État possible, mais une révolution en faveur de la liberté était à craindre. C’était ce qu’espéraient quelques réfugiés, ils partirent pour Paris. D’autres, qui prolongeaient leur vie par le travail, étaient fatigués de combattre et n’avaient d’espoir que dans la paix.

Avec le printemps, une vie nouvelle entra à Mariafeld, vie joyeuse et facile. Mon mari avait