Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/65

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trisée lorsque, dans un transport d’enthousiasme et avec une force immense, il commença le chœur :

Étreignez-vous, millions d’êtres !

Mais, au milieu, il s’interrompit : « Je ne sais pas jouer du piano, » dit-il ; « n’applaudissez pas, vous ; suffit. »

Un autre soir, nous eûmes l’occasion d’entendre un peu plus de la Neuvième Symphonie dans les circonstances suivantes : Un dimanche après-midi, Wagner et Herwegh étaient venus, malgré le mauvais temps ; Wagner s’étant prononcé contre la musique que Mendelssohn a écrite pour les chœurs à’Antigone, la conversation continua sur ce sujet. Nous avions devant nous plusieurs traductions d’Antigone. Herwegh donna la préférence à celle de Minckwitz. Wagner se moqua de « cet intelligent Berlin, qui, avec toute sa science et toutes ses prétentions aux jouissances esthétiques, ne connaissait rien du sens élevé particulier au mythe d’Œdipe, rien de la grandeur de l’action d’Antigone. » On en vint à une vive controverse et comme celle-ci menaçait d’empiéter sur le terrain de la politique, j’ouvris les Poésies de Herwegh et priai mon mari de nous lire ce qu’il avait sous les yeux ; il en est de la lecture à