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Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/66

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haute voix comme de tout autre art : l’auditeur devient le vibrant écho des sentiments que le lecteur fait naître en lui par la parole magique du poète.

J’avais choisi la Chevauchée à cause de sa belle forme.

« La nuit angoissante a fait son tour. — Nous chevauchons moroses, nous chevauchons muets — chevauchons à notre perte ! — Comme il est âpre, le vent du matin ! — Dame Hôtesse, encore un verre, vite ! avant que nous ne mourions, que nous ne mourions !

« Toi, herbe fraîche, pourquoi t’élever si verte ? — Tu fleuriras bientôt comme une vraie églantine, — c’est mon sang qui te teindra. — La première gorgée, à l’épée, la main ! — je la bois afin que, pour la patrie — nous mourions, nous mourions ! »

Je cite ces deux strophes pour rappeler à la mémoire ce beau lied qui m’avait fait connaître, en 1847, le nom de Herwegh. Cette fois encore il ne manqua pas son effet. Puis je voulus encore faire entendre le XXIIIe sonnet d’un recueil que Herwegh a intitulé Dissonances. Les deux tercets expriment d’une manière intense l’esprit que respirent les autres.

« Ô, dites, n’est-ce pas le plus souvent l’heure du malheur — qui vous a soulevés vers l’Éternel — et a fait sortir de sa bouche la Révélation céleste ? — Non pas la paix, mais la tempête nous porte là-haut. — Les joies