sacrifices des heureux. L’Anneau du Nihelung ne fut pas achevé sur la colline verdoyante ; Wagner s’en alla à Venise, où il termina Tristan et Isolde dont le poème et une partie de la musique appartiennent à cette période de son séjour à Zurich.
Sa femme était souffrante et était retournée à Dresde après que le ménage avait été dissous. Wagner avait donc passé dix années de sa vie à Zurich, dans toute la vigueur de l’âge et « sous l’égide de loyaux amis, qu’il s’était rapidement acquis » (comme il le dit dans ses Communications), il avait puisé de la force pour lancer le défi aux vainqueurs de la Révolution et leur contester le titre de protecteurs de l’Art, qu’ils s’arrogeaient en leur qualité de maîtres. Dans le calme dont il avait joui à Zurich, l’idée de l’œuvre d’art de l’avenir s’était graduellement développée en lui et avait atteint toute son intensité, résultant de la convergence d’actions de tous les arts, qu’il exigea pour la représentation de « la substance purement humaine » de ses œuvres. Les Nibelungen, Tristan et Isolde, les Maîtres Chanteurs attestent l’extraordinaire productivité de cette époque de sa vie.
Après la dissolution de son propre ménage, Wagner n’a plus fait de long séjour à Zurich ;