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SOUVENIRS


Après le premier acte, Spontini en personne enjamba la rampe, et se supposant entouré des artistes du théâtre royal de Dresde, il entreprit d’expliquer, par un exposé circonstancié, les motifs qui le forçaient à insister sur un ajournement considérable de la représentation, pour gagner le temps nécessaire aux répétitions les plus diverses, et préparer ainsi une exécution selon ses vues. Mais déjà tout le personnel était en pleine déroute ; chanteurs et régisseur s’étaient éclipsés avec la rapidité de l’ouragan et dispersés dans toutes les directions, pour s’épancher à leur guise sur cette situation calamiteuse : seuls, les machinistes, les lampistes et quelques choristes formaient le demi-cercle autour de Spontini, les yeux braqués sur ce curieux homme, tandis qu’il pérorait avec une chaleur singulière sur les exigences du véritable art dramatique.

Mon attention fut attirée par cette scène déplorable : avec des paroles de déférence et