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MES SOUVENIRS SUR SPONTINI

allemand : tout le reste ne vaut rien. » Bien entendu, en lui parlant d’une pièce à tendances nouvelles, il espérait bien que je n’avais pas en tête le genre soi-disant romantique, à la Freischütz : de pareils enfantillages étaient indignes d’occuper un homme sérieux ; l’art, en effet, est chose sérieuse, et tout ce qui est sérieux, c’est lui qui l’avait épuisé. De quel pays, en somme, sortirait le compositeur capable de le surpasser ? Pas de risque que ce phénix vînt de chez les Italiens (qu’il traitait tout simplement de cochons), de chez les Français qui se bornaient à imiter les Italiens, ou de chez les Allemands, qui ne pouvaient s’arracher à leurs rêveries puériles, et dont les bonnes dispositions, si jamais ils en avaient eues, étaient désormais complètement gâtées par l’influence des Juifs. « Oh ! croyez moi, il y avait de l’espoir pour l’Allemagne lorsque j’étais empereur de la musique à Berlin ; mais depuis que le roi de Prusse a livré sa musique au désordre occasionné par