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ACTE DEUXIÈME


YSEULT.

La déesse d’amour qui gouverne mon âme
Et qui dirige à son gré mon esprit,
Commande d’étouffer cette importune flamme
Et de laisser régner les ombres de la nuit.
Son ordre m’est sacré, sa loi sera suivie ;
À ton poste, Brangaine ! Allons, obéis-moi !

Elle saisit la torche.

Ô torche, fut-ce tu le flambeau de ma vie
Ô flamme, je t’étouffe, sans effroi !

Elle jette à terre la torche qui s’éteint. Brangaine, consternée, s’éloigne et monte lentement, par l’escalier extérieur, sur la plate-forme de la tour. Yseult prête l’oreille et dirige ses regards dans l’ombre d’une avenue plantée d’arbres. Emue par son impatience croissante, elle se dirige vers l’allée et cherche à percer les ténèbres. Elle commence à faire des signes avec son écharpe. Rares d’abord, les signaux deviennent de plus en plus fréquents et trahissent bientôt son impatience passionnée. Un geste de ravissement indique enfin qu’Yseult aperçoit Tristan, qui s’avance. Elle se hisse sur la pointe des pieds, pour mieux embrasser l’espace, puis elle court au perron, du haut duquel, elle salue son bien-aimé, et vole à sa rencontre.



Scène DEUXIÈME.



TRISTAN et YSEULT, BRANGAINE, sur la tour


TRISTAN,
se précipitant sur le théâtre.

Yseult !

YSEULT.

Yseult ! Tristan !

TOUS DEUX.

Yseult ! Tristan ! Je t’aime !

Ils s’embrassent passionnément, en gagnant le devant du théâtre.