Page:Wailly - Éléments de paléographie, I.djvu/392

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des bâtons, soit sur le manche ou la lame d’un couteau. Mais ce sont là des exceptions plus curieuses qu’utiles à connaître. Les actes sur papyrus, au contraire, se sont conservés en assez grand nombre pour qu’il soit nécessaire d’en parler avec quelques détails.

Le papyrus est une espèce de roseau dont la tige est recouverte par une enveloppe membraneuse. Comme la substance de ces enveloppes n’est pas très-serrée, on était obligé de superposer deux de ces membranes transversalement : par ce moyen les fibres, en se coupant à angle droit, imitaient l’aspect d’un tissu, et formaient en même temps une matière plus compacte, et plus propre à recevoir l’écriture.

Il est inutile de donner ici des détails sur la manière de préparer le papyrus et d’amener l’adhésion plus ou moins complète de la couche inférieure et de la couche supérieure. Ce qu’il importe de savoir, c’est que ce roseau s’élève au moins de deux coudées au-dessus de l’eau ; un témoin oculaire porte même son élévation à six ou sept coudées. Il en résulte que les actes sur papyrus peuvent avoir une grande dimension. Parmi ceux qui ont été écrits sur cette substance, le plus ancien que l’on connaisse a deux aunes de long. Maffei signale cette pièce comme la plus précieuse de toutes celles qu’il a eues entre les mains ; les Bénédictins la font remonter à l’an 445 au plus tard, et Mabillon, qui avait visité les plus célèbres archives de l’Europe, a déclaré qu’elle était d’une antiquité supérieure à celle de tous les actes authentiques qu’il eût jamais vus. Parmi les papyrus qui existent aux Archives du royaume, on peut citer deux testaments, l’un d’une dame nommée Ermentrude, l’autre d’un magnat français dont la femme est nommée Chamnetrude. Le premier de ces diplômes a quatre pieds et demi, et le second quatre pieds neuf pouces de hauteur. Comme ils sont tous deux mutilés, ils devaient probablement avoir plus de cinq pieds. La Bibliothèque du Roi possède des papyrus d’une dimension au moins égale ; aussi ne doit-on pas douter que cette substance n’ait été d’un usage très-fréquent pour tous les actes d’une grande étendue. Il est même prouvé que pour les chartes elle a été employée de préférence au parchemin jusque vers la fin du viie siècle. En effet, la plupart des diplômes antérieurs au viiie siècle qui se sont conservés jusqu’à nous, sont écrits sur papyrus, et cependant cette substance fragile est beaucoup plus exposée à se détruire que le parchemin. On s’en est servi en Italie jusqu’au milieu du xie siècle ; mais en France on en avait à peu près abandonné l’usage dès le viiie. Les diplômes sur papyrus sont en général d’une mauvaise conservation, parce qu’on avait autrefois la mauvaise habitude de les rouler : or comme il arrive souvent que des parcelles de papyrus se soulèvent, on risquait en les