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développant de détacher quelques fibres dans toute leur longueur. Le seul moyen de conserver ces précieux monuments est de les encadrer, ou tout au moins de les étendre en les fixant sur un carton. Quoiqu’il soit prouvé que l’on pouvait obtenir du papyrus d’une grande blancheur, cette substance, telle qu’on la rencontre dans les archives et les bibliothèques, est en général d’un jaune clair ; et comme l’encre en vieillissant tend à se rapprocher de cette couleur, surtout quand elle est exposée à la lumière, il est préférable de préserver les actes sur papyrus, non-seulement de l’action directe des rayons solaires, mais encore de la lumière diffuse. Il ne paraît pas que l’on ait employé aussi fréquemment le papyrus pour les manuscrits que pour les diplômes. On peut citer cependant quelques fragments de S. Avit, déposés à la Bibliothèque du Roi. Le même établissement possède un manuscrit de S. Augustin, également sur papyrus ; quoiqu’il soit incomplet, il est d’une admirable conservation. Cela tient sans doute à ce que chaque cahier de papyrus a été dès l’origine placé entre une double feuille de parchemin qui fait elle-même partie du manuscrit, et sur laquelle sont écrites les deux premières et les deux dernières pages de chaque cahier. Mabillon cite dans sa Diplomatique un autre manuscrit pour lequel on avait pris les mêmes précautions. ( Voyez la notice relative au manuscrit qui a fourni le fac-similé n° 5 de la planche II.)

On a souvent, et mal à propos, donné au papyrus le nom de papier d’ècorce. Maffei, qui a relevé plus d’une erreur de ce genre, pense que l’on n’a peut-être jamais écrit d’acte sur l’écorce, en tous cas que ces actes ne se sont pas conservés, et que très-certainement si l’écorce brute a pu être employée à cet usage, on ne s’en est jamais servi pour fabriquer du papier. Les Bénédictins, qui n’admettent aucune de ces propositions, citent un ancien manuscrit de Saint-Germain des Prés, dans lequel se trouvent cinq feuillets composés, à leur avis, de papier d’écorce. Montfaucon partage cette opinion. Mabillon, au contraire, a jugé que ces feuillets étaient en papyrus. On peut voir ce manuscrit à la Bibliothèque du Roi, où il est aujourd’hui déposé ; mais la question qu’il soulève est plutôt du ressort de la botanique que de la paléographie. Toutefois, comme la couche supérieure de certains feuillets laisse apercevoir sous quelques lacunes les traces de plusieurs écritures d’un caractère différent, il paraît probable que ce sont des fragments d’anciens papyrus qu’on aura grossièrement collés les uns sur les autres pour les employer de nouveau. Quelques personnes ont douté qu’il y eût des palimpsestes sur papyrus, c’est-à-dire des actes écrits sur des feuilles de papyrus qui auraient auparavant reçu une écriture plus ancienne. Le manuscrit qui vient d’être cité semble déjà prouver qu’on a tenté d’appliquer au papyrus un procédé dont on s’est fréquemment