Page:Wailly - Éléments de paléographie, I.djvu/403

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bien positij du moins que les anciens copistes ont atteint un degré de perfection qui fait honneur à leur patience et à leur habileté. Nous avons déjà dit que dans les manuscrits en lettres d’or chaque ligne était souvent comprise entre doux raies blanches dont l’écartement fixait la hauteur des caractères, et que dans les autres manuscrits on se contentait ordinairement de tracer une seule raie sur laquelle s’appuyait la base de l’écriture. Pour espacer égalemenl ces raies, l’écrivain se servait d’un compas à l’aide duquel il perçait dans le parchemin des trous qui fixaient la position de la règle. Les raies horizontales qu’il traçait parce moyen, étaient rencontrées perpendiculairement par des raies verticales tirées du haut en bas de la page, et qui , en limitant le commencement et la fin de chaque ligne, réservaient une marge dans la partie gauche de la page et une autre dans la partie droite. Chacune de ces marges peut aussi être indiquée par deux raies verticales rapprochées l’une de l’autre, et il arrive souvent qu’à la fin des lignes, l’écriture au lieu de s’arrêter à la première verticale, s’étend jusqu’à la seconde. Il est inutile de faire remarquer que dans les manuscrits disposés sur deux ou sur trois colonnes, chaque colonne est comprise entre deux verticales. On conçoit que tous les écrivains ne s’attachaient pas également à renfermer leur écriture dans les limites qu’ils avaient eux-mêmes tracées ; mais ce qu’il importe de savoir, c’est que la comparaison des moyens dont on s’est servi pour tracer les raies des manuscrits , fournit quelques moyens d’apprécier l’âge auquel ils appartiennent. Jusqu’au xm e siècle, on les a tracées avec la pointe du style. Cependant on s’est servi du crayon ou de la mine de plomb dès le xi e siècle ; cet usage, devenu ordinaire au xn c , convient surtout aux deux siècles suivants. Dans les manuscrits plus récents, l’écriture s’appuie souvent sur des lignes rouges. Selon les Bénédictins , les raies blanches tracées horizontalement sur toute la largeur de la feuille indiqueraient un manuscrit remontant au moins au vii e siècle ; mais s’il n’y avait que les deux premières et les deux dernières qui occupassent cette étendue , on ne pourrait regarder le manuscrit comme antérieur au xi e siècle. Comme les raies tracées avec la pointe du style entamaient souvent le parchemin et avaient l’inconvénient de lui faire boire l’encre, plusieurs écrivains avaient la précaution de maintenir leur écriture un peu au-dessus de ces raies. Dans les diplômes, qui ne sont presque toujours écrits que d’un seul côté, on évitait quelquefois cet inconvénient en rayant le revers du parchemin ; la pointe du style produisait alors sur le côté opposé une légère saillie qui suffisait pour guider l’écrivain. Les Bénédictins ont remarqué que, dans les manuscrits antérieurs au vm e siècle, les points perçants marqués avec les pointes du compas étaient souvent recouverts par le texte,