Page:Wailly - Éléments de paléographie, I.djvu/405

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« Dut cfiartis habiles calamos Mcmphitica tellus, dit Martial. Perse décrit les « défauts du calamus, qu'il qualifie nodosa arundo. Les Grecs des bas siècles con- « tinuèrent de se servir de cannes, qu'ils tiraient de la Perse Du temps de « Pline, on donnait la préférence au calamus d'Egypte Les plumes d'oies, «de cygnes, de paons, de grues et d'autres oiseaux sont en Occident, depuis «bien des siècles, presque les seuls instruments immédiats de l'écriture qui « se fait sur le parchemin ou sur le papier. Mais à quel temps en doit-on faire « remonter l'origine ? Il est assez naturel d'inférer d'un texte de l'Anonyme «publié par Adrien de Valois, qu'on écrivait avec des plumes dès le V e siècle. >< Théodoric, roi des Ostrogoths, se servait, selon cet ancien auteur, que l'on « dit être contemporain , d'une plume pour souscrire les quatre premières « lettres de son nom. On cite un vers de Juvénal, qui ferait remonter jusqu'à « son temps l'usage des plumes à écrire , si l'on ne leur appliquait pas une «métaphore tirée des ailes des oiseaux, et que ce poëte semble avoir en- « tendue dans un sens fort différent de celui de nos plumes. La plume à écrire « [Antiq. cxpl. tom. III, part. II, liv. v, chap. 6) ne peut être cjuère moins an- « cienne que Juvénal, au jucjcment d'un savant moderne, puisqu Isidore , qui, «comme chacun sait, ne parle ordinairement que des anciens usacjCs , dit que les «instruments des écrivains étaient la canne et la plume , que la canne était tirée «d'un arbre et la plume d'un oiseau, et quon la fendait en deux pour écrire. «S. Isidore n'aura pas sans doute été tellement occupé des anciens usages, « qu'il n'ait eu égard à ceux de son temps. Celui de la plume était donc déjà «tout commun au vn u siècle, et celui de la canne n'était pas encore passé. « Suivant Browerus, on se servait de la canne ou du calamus pour les lettres « majuscules, et de la plume pour les petits caractères. S'il nous était permis « ici de recourir à des conjectures fondées sur les traits de l'écriture courante, « nous donnerions les diplômes mérovingiens aux calamus, ainsi que les chartes « romaines dont l'antiquité remonte encore plus haut. Au vm e siècle , la plume «et la canne auraient en France écrit tour à tour les diplômes. Mais la plume «aurait insensiblement pris le dessus. Au siècle suivant, le roseau n'aurait « presque plus été admis à écrire le corps des actes émanés de la puissance «royale, quoiqu'il ne fût pas exclu des signatures, et que les bulles des « papes et les actes synodaux le préférassent encore à la plume. L'abbé de « Godwic observe fort judicieusement, qu'au défaut de textes clairs des auteurs « sur l'antiquité des plumes, on peut s'en tenir aux peintures des anciens ma- « nuscrits. D. Mabillon en cite deux, l'une de l'abbaye de Hauvilliers, du temps « de Louis le Débonnaire; et l'autre de l'abbaye de Saint-Amand, dux e siècle. La « première nous offre les portraits des évangélistes tenant des plumes à la main;