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Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t2, 8e mille.djvu/244

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Crever le sol, casser les voûtes,
En ces villes d’ébène et d’or, où l’incendie
Rôde, comme un lion dont les crins s’irradient ;
Minute unique, où les siècles tressaillent ;
Nœud que les victoires dénouent dans les batailles ;
Grande heure, où les aspects du monde changent,
Où ce qui fut juste et sacré paraît étrange,
Où l’on monte vers les sommets d’une autre foi
Où la folie, en ces tempêtes,
Forge la vérité nouvelle et la décrète,
Et l’affranchit de la gaine des lois,
Comme un glaive trop grand pour le fourreau
Et trop serein pour le bourreau.

En ces villes soudain terrifiées
De fête rouge et de nocturne effroi,
Pour te grandir et te magnifier,
Mon âme, enferme-toi.

(Les Visages de la Vie.)




SUR LA MER


Larges voiles au vent, ainsi que des louanges,
La proue ardente et fière et les haubans vermeils,
Le haut navire apparaissait, comme un archange
Vibrant d’ailes qui marcherait, dans le soleil.

La neige et l’or étincelaient sur sa carène ;
Il étonnait le jour naissant, quand il glissait,
Sur le calme de l’eau prismatique et sereine ;
Les mirages, suivant son vol, se déplaçaient.

On ne savait de quelle éclatante Norvège
Le navire, jadis, avait pris son élan,
Ni depuis quand, pareil aux archanges de neige,
Il étonnait les flots de son miracle blanc.

Mais les marins des mers de cristal et d’étoiles
Contaient son aventure avec de tels serments,
Que nul n’osait nier qu’on avait vu ses voiles,
Depuis toujours, joindre la mer aux firmaments.

Sa fuite au loin ou sa présence vagabonde