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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

qu’il étudie la variation et la distribution des espèces, trouvera les matériaux les plus satisfaisants, parce qu’ils sont les plus complets.

Les Lépidoptères, ou papillons diurnes, sont au premier rang sous ce rapport. On en a fait des collections dans toutes les parties du monde, à cause de leur extrême beauté et de leur diversité infinie, et leurs nombreuses espèces et variétés ont été reproduites dans une série d’ouvrages magnifiques, depuis ceux de Cramer, contemporain de Linné, jusqu’aux travaux inimitables de notre compatriote Hewitson[1].

D’ailleurs, indépendamment de leur abondance, de leur distribution universelle, et de l’intérêt qu’ils ont inspiré, ces insectes ont des qualités qui les rendent particulièrement propres à élucider les questions spéciales dont nous avons parlé. Ce sont l’immense développement des ailes, et leur structure particulière ; non-seulement leurs formes varient plus que chez tous les autres insectes, mais elles offrent sur leurs deux surfaces une diversité infinie de dessins, de couleurs et de tissus ; les écailles qui les recouvrent plus ou moins complètement, imitent les riches nuances et les reflets délicats du satin ou du velours, brillent d’un éclat métallique, ou rappellent les teintes chatoyantes de l’opale. Cette surface, si délicatement peinte, sert comme de registre où s’inscrivent les moindres différences d’organisation ; une nuance, une tache ou une raie

  1. W. E. Hewitson, de Oatlands, Walton-on-Thames, est l’auteur des Papillons exotiques et d’autres ouvrages, ornés de figures admirables, peintes par lui-même ; il possède la plus belle collection de papillons connue.