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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

additionnelle, une légère modification dans le contour, se reproduisent avec la régularité et la fixité la plus parfaite, tandis que le corps et les autres membres n’offrent aucun changement appréciable. Les ailes des papillons, comme le dit fort bien M. Bates, « sont les tablettes sur lesquelles la nature écrit l’histoire de la modification des espèces ; » elles nous permettent d’apercevoir des variations qui sans elles seraient incertaines ou difficiles à observer, et nous montrent sur une grande échelle les effets des conditions physiques ou climatériques dont l’influence se fait sentir plus ou moins profondément dans l’organisation de tout être vivant.

Une considération prouvera, je crois, que cette grande sensibilité aux causes modificatrices n’est pas imaginaire. Les Lépidoptères en général sont, de tous les insectes, ceux qui varient le moins dans les formes, la structure et les habitudes essentielles, quoique, par le nombre de leurs formes spécifiques, ils ne soient pas très-inférieurs aux ordres beaucoup plus répandus dans la nature, et qui présentent des modifications organiques plus profondes. Les Lépidoptères, à l’état de larve, sont tous herbivores ; à l’état parfait ils se nourrissent du suc des plantes ou d’autres liquides. Les groupes les plus éloignés les uns des autres ne diffèrent que peu d’un type commun et n’offrent que des modifications d’habitudes ou de structure comparativement peu importantes. Les Coléoptères, les Diptères ou les Hyménoptères, au contraire, présentent des variations beaucoup plus considérables et plus essentielles : dans tous ces ordres, nous trouvons des herbivores et des carnassiers,