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L’INSTINCT CHEZ L’HOMME ET LES ANIMAUX.

adulte sont employées à l’acquérir et à la perfectionner. Bon chasseur ou bon guerrier, il réussit ainsi à connaître la direction de chaque colline ou chaîne de montagnes, celle de tous les cours d’eau, et leurs confluents, la situation de tous les lieux caractérisés par une végétation particulière, et cela non-seulement dans les limites qu’il a explorées lui-même, mais peut-être encore cent milles au delà. Son observation pénétrante lui fait découvrir les plus petites ondulations de la surface du sol, les changements du sous-sol ou de la végétation, qui seraient tout à fait imperceptibles pour un étranger. Ses yeux regardent sans cesse dans la direction où il marche ; la mousse qui couvre un côté des arbres, la présence de certaines plantes à l’ombre des rochers, le vol des oiseaux le matin ou le soir, sont pour lui autant d’indications qui le guident presque aussi sûrement que le soleil. Si donc il est appelé à trouver son chemin à travers ce même pays dans une direction où il n’a encore jamais été, il est parfaitement à la hauteur de la difficulté. Quel que soit le détour par lequel il est arrivé au point d’où il doit partir, il a observé toutes les directions et les distances si exactement, qu’il sait assez bien où il est, de quel côté se trouve son village, de quel côté l’endroit où il doit aller. Il se met en route et sait qu’après un certain temps, il aura à passer un plateau ou une rivière ; il sait dans quel sens les cours d’eau doivent couler, à quelle distance de leurs sources il doit les passer. Il connaît la nature du sol ainsi que les traits principaux de la végétation dans toute la ré-