gion. Lorsqu’il approche de quelque contrée où il a déjà été, plusieurs petites indications le guident, mais il les observe si prudemment que ses compagnons blancs ne peuvent point concevoir par quel moyen il s’est dirigé. De temps à autre il change un peu sa direction, mais il n’est jamais embarrassé, il ne se perd jamais, toujours il se sent pour ainsi dire chez lui, jusqu’à ce qu’enfin il arrive à un district bien connu et alors il dirige sa marche de façon à atteindre exactement le lieu désiré. Aux Européens dont il est le guide, il semble être arrivé sans difficulté, sans aucune observation spéciale, et par une marche continue et presque directe. Dans leur étonnement, ils lui demandent s’il a déjà fait la même route une fois ; sur sa réponse négative, ils concluent que quelque instinct infaillible peut seul l’avoir conduit.
Conduisez ce même homme dans un autre pays, très-semblable au sien, mais avec d’autres rivières, d’autres collines, une autre espèce de sol, une autre végétation et une faune différente ; amenez-le par un circuit plus ou moins long à un certain point et demandez-lui de retourner au point de départ par une ligne droite de 50 milles au travers de la forêt, il s’y refusera certainement, ou bien, s’il essaye, il échouera plus ou moins complètement. Son instinct supposé n’agit pas hors de son pays.
Sans doute un sauvage, même dans une contrée nouvelle pour lui, possède des avantages incontestables, résultant de sa grande habitude de la vie dans les bois, de son indifférence à la chance de s’égarer, et de sa perception exacte des directions et des distances ; il