Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
DE NOUVELLES ESPÈCES.

Mais il en est ainsi dans toute la nature ; nous rencontrons les mêmes faits dans chaque classe, chaque ordre d’animaux. On n’a point, jusqu’à présent, essayé d’expliquer ces phénomènes singuliers ou de leur assigner une cause. Pourquoi les genres de palmiers et d’orchidées sont-ils presque toujours limités à un hémisphère ? Pourquoi les espèces alliées de trogons dont le dos est brun se trouvent-elles toutes en Orient, et ceux dont le dos est vert dans l’Occident ? Pourquoi la même distribution chez les aras et les kakatoès ?

Les Insectes nous fournissent une quantité énorme d’exemples analogues : les Goliathi d’Afrique, les Ornithoptères des îles Malaises, les Héliconides de l’Amérique méridionale, les Danaïdes de l’Orient ; et toujours les espèces très-semblables se trouvent géographiquement rapprochées.

Force est à tout esprit pensant de se demander pourquoi les choses sont ainsi. Il faut qu’une loi ait régi la création et la dispersion de ces organismes. Eh bien ! la loi que nous avons proposée, non-seulement explique ces faits constatés, mais les implique nécessairement ; les exceptions et les anomalies apparentes qui se rencontrent çà et là, trouvent facilement leur explication dans les grands changements géologiques qui ont eu lieu.

En exposant aujourd’hui nos idées sous cette forme imparfaite, nous avons surtout pour but de les soumettre à l’appréciation d’autres savants, et d’arriver à connaître tous les faits considérés comme incompatibles avec notre manière de voir. Nous ne récla-