Aller au contenu

Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/404

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
384
LIMITES DE LA SÉLECTION NATURELLE

molécule, plus complexe et plus ou moins stable.

Les composés organiques dont sont formés les êtres vivants, sont, comme on sait, d’une complexité extrême et d’une grande instabilité, d’où résultent les changements de forme auxquels la matière organisée est continuellement soumise. Cela permet de concevoir comme possible que les phénomènes de la vie végétative soient dus à une complexité presque infinie de combinaisons moléculaires, assujetties à des changements définis sous l’influence de la chaleur, de l’humidité, de la lumière, de l’électricité, et probablement de quelques autres forces inconnues. Mais cette complexité croissante, quand même elle serait portée à l’infini, ne peut avoir d’elle-même aucune tendance à faire naître le sens intime dans ces molécules ou groupes de molécules. Si un élément matériel, ou mille éléments matériels combinés dans une molécule, sont tous inconscients, nous ne pouvons pas croire que la seule addition de un, deux ou mille autres éléments matériels pour former une molécule plus complexe, puisse, en aucune façon, tendre à produire un être conscient. Ces choses sont essentiellement distinctes. Dire que l’esprit est un produit, une fonction du protoplasme, un de ses changements moléculaires, c’est employer des termes auxquels nous ne pouvons attacher aucune conception claire. Nous ne pouvons admettre dans le tout une propriété qui manque à chacune de ses parties ; et ceux qui raisonnent ainsi devraient proposer une définition précise de la matière, énonçant clairement ses propriétés, et montrer qu’un certain arrangement