Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/14

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suprême, il venait une dernière fois vers elle pour rompre les ultimes attaches, et qui sait ? ressaisir dans un regard, dans une intonation les réalités intenses dont la volonté despotique de la comtesse l’avait à tout jamais sevré !

— Alors, dit-elle, vous songez sérieusement à vous marier, à épouser une fortune doublée d’une jeune fille ?

— Vous faites erreur, dit Grégory d’une voie tremblée, j’épouse la femme et non la fortune dont je n’ai que faire, étant riche moi-même. J’ai bien raisonné ce que vous prenez pour une folie ; je me marie parce que, après vous, je ne trouverai pas de maîtresse. Oh ! ne souriez pas, ce n’est pas un compliment, et vous le savez bien ! Après vous, les plaisirs n’existent plus, et deux mois de votre amour valent une vie.

— Et vous voulez en recommencer une autre, gourmand ! répondit Lysiane avec un sourire.

— Non, je veux me tailler, vivant, une tombe qui ne me fasse pas mal !

— Le mariage ?

— Pourquoi pas ?

— Parce qu’on ne vous y laissera pas dormir ?

— Qui ?

— Celle que vous épouserez, d’abord, et…

— Et ? et vous, n’est-ce pas, qui me tourmenterez de votre souvenir ?

Lysiane ne répondit pas, mais une vague ironie plissa ses lèvres. En ce moment, elle lui sembla, — dans son mutisme, immobile, les cheveux noirs relevés en une torsade japonaise