Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/17

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du Bois de la Cambre et, après un ordre donné au chasseur, se dirigeait à pied vers la Place Royale. A ce moment, des flocons de neige se mirent à tomber avec lenteur ; le duc hâta le pas ; il descendit la Montagne de la Cour jusqu’à un petit bar anglais où, depuis toujours, ses amis se réunissaient chaque soir à la sortie du théâtre de la Monnaie. Il n’y avait personne dans la première pièce ; derrière le comptoir encombré de flacons et de victuailles, le patron sommeillait, le coude appuyé sur le zinc, tandis que, renversé sur une chaise appuyée au mur et les cheveux frottant le plâtre, le garçon faisait de même. Tous deux se levèrent en sursaut lorsque Grégory fît son entrée.

— Monsieur le duc, firent-ils ensemble.

— Ces Messieurs sont-ils là ?

— M. van Steen, M. d’Astor, M. Clergery, M. de Leuze, M. Pablo, M. Cuaras, et ces dames, débita vivement le garçon.

Grégory ouvrit, au fond du café, une porte barrée de cette inscription : SOCIÉTÉ PRIVÉE, et se trouva dans une chambre bleue de fumée, où, autour d’une table, un groupe de jeunes gens jouaient à l’écarté. Derrière deux d’entre eux, penchées sur leurs épaules, deux femmes suivaient le jeu, désignant parfois du doigt une carte, et s’impatientant.

Lorsque le duc entra, les cartes s’abattirent.

— Hallo ! cria-t-on, Hamlet, Lazare ! d’où sors-tu, enfant prodigue ?

— Moi, mais du haut de la ville !

— Un haut qui est perdu dans le bois, n’est-ce pas, veinard ? On sait d’où vous venez…