Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Eh bien alors ?

— Nous voulons te faire avouer…

— Que je viens du château de Rouge-Cloître, de chez Mme de Lysias.que j’y ai été beaucoup pendant les derniers temps ? Mais oui, pourquoi pas ?

Les deux jeunes femmes levèrent la tête, en souriant avec ironie.

— Vous autres, dit Grégory brutalement, à bas les pattes et motus, n’est-ce pas ?

Oui, continua-t-il, j’aime beaucoup Mme de Lysias et je passe souvent mes soirs auprès d’elle. Nous faisons de la musique et nous causons. Vous savez si sa conversation est charmante ; elle est spirituelle, très instruite…

— Bas-bleu, fit Clergery.

— Savante, tout au plus…

— Et cela t’a pris comme cela, tout à coup, la musique et la causette ?

— Ah ça ! voyons ! vous voulez me confesser avant Pâques ? Vous riez, je pense ! Frédéric ! un grog au gin ! Qui tient le louis ? Non, pas vous, Monsieur Clergery, ajouta-t-il en regardant fixement celui qui tenait les cartes, pas vous.

Le cercle se composait de tous gens du high-life bruxellois, panachés de rastaquouères, les uns affinés superficiellement par la vie de salon dans les ambassades, les autres, au contraire, non encore dégrossis et gardant les façons rondes de l’étudiant. Cuaras, un fils de gros fermier de Buenos-Ayres, était arrivé à Bruxelles fourni d’argent, qu’un ami malin — Clergery, son alter ego — l’aidait à dépenser. Clergery était,