Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/19

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au demeurant, le seul être officiellement taré du groupe, où il n’était entré qu’à force de courbettes et de petits services douteux qui l’avaient peu à peu rendu indispensable. Van Steen, descendant d’une des plus nobles familles de Flandre, de Leuze, un comte romain, et le duc Grégory de Perriane étaient les seuls Belges du cercle, qui ne comptait d’assidus que les sept jeunes gens que nous trouvons réunis au début de ce récit. D’Astor, parisien de race, avait émigré après la Commune, et Pablo de Drasz attendait, pour retourner en Roumanie, d’avoir son grade d’officier à l’école de cavalerie belge.

Grégory, sans en avoir le goût, s’était accoutumé aux veillées passées dans ce petit bar où les échos du grand monde arrivaient, portés on ne sait comment, par des indiscrétions d’amants éconduits ou de maîtresses déçues. Sa distinction s’était révoltée lorsque, au premier groupe où la sévérité de l’admission était excessive, s’était, par un relâchement qu’il déplorait, ajouté ce flot d’exotiques venus de si loin qu’on ne pouvait contrôler leur passé. « Ils viennent de pays avec lesquels nous n’avons pas de traité d’extradition », disait-il avec humeur.

Clergery surtout l’avait mis en défiance ; il éprouvait une haine instinctive pour ce vieux jeune homme d’une naissance multiple, d’une éducation vulgaire, d’une position louche de petit journaliste mâtiné de souteneur, qui vivait d’expédients et de parasitisme. La conversation de mauvais goût, pleine de mots crus et d’argot de coulisse, qu’affectait de prendre continuellement Clergery, créait entre ces deux hommes de