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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/28

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pour qu’il l’essayât encore avec une autre. Lentement, sans abdiquer ses idées aux pieds de la baronne, il l’amena à le désirer presque pour gendre, tant, à côté de ses révoltes, de ses haines, de la rareté sombre de ses sentiments, il avait de droiture et de gentilhommerie. Au moins, se dit la mère de Christine, l’enfant aura-t-elle un homme de grande race qui ne faillira point.

Et, peu à peu, elle s’accoutuma à cette idée, puisant des sécurités nouvelles à chacune des causeries qu’elle eut avec le duc. Grégory, de son côté, amenait doucement Christine à lui, avait pour elle des tendresses plus paternelles que passionnées, au point de lui parler de la vie, de la grande bataille de l’heure, de choses graves et méditatives, au lieu de s’adoucir en paroles amoureuses, en baisers de voix, en sentimentalités d’idylle. Rarement seul avec elle, il lui parlait, en se tournant vers la baronne, qui trouvait adorable et d’un exquis dandysme, cette cour indirecte et comme tamisée par elle. La jeune fille écoutait les causeries, devenue plus sérieuse déjà, en écoutant ces deux êtres, l’un mûri par l’âge, l’autre jeune et fort, mais mûri par la vie, quelque courte qu’elle fût encore.

— Vous avez l’air si jeune, bel imberbe ! disait la baronne au duc.

— Ma moustache s’est trompée, répondit Grégory, elle a poussé en dedans !

Peu à peu, il vint à s’intéresser au travail d’initiation qu’il avait entrepris avec la baronne. Un instant même, il crut que Lysiane avait disparu de sa pensée, tant son intérêt — qu’il