Aller au contenu

Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

était prêt à prendre pour un commencement de passion — se portait vers cette élève qu’il guidait en la route compliquée de ses propres sentiments.

Lysiane m’a parlé de la paix du cœur, ne l’ai-je point, se dit-il, et rasséréné, tranquillisé par une vision de conjugalité placide, où des préoccupations apaisées lui feraient les heures sans trouble, le duc fit taire ses craintes et doucement se fit à l’idée d’une union prochaine avec Christine de Silvère.

Le mariage eut lieu sans tapage. « Lorsqu’une baronne de Silvère épouse un duc de Perriane, avait dit la mère de Christine, il n’y a que les rois ou les artistes qui soient dignes d’assister à la cérémonie ; or, les rois ne sont pas assez artistes et les artistes ne sont pas assez rois ! »

Au moment où finissait le repas d’Astor qui, avec deux ou trois vieux amis de la maison, le comte de Landen, ancien ministre, le général retraité Carmot et le médecin de la famille, François X***, composaient la réunion, d’Astor s’approcha de Grégory, et, d’une voix qu’il essaya de faire très calme, lui dit :

— Tu sais, Grégory, que j’ai, comme toi, aimé Christine ; c’est toi qui triomphes et je n’ai rien à dire, tâche de la rendre heureuse.

Ils se regardèrent un instant, les yeux fixes comme s’ils eussent voulu voir au fond d’eux-mêmes, puis, froidement et en silence, ils se serrèrent les mains.

Jacques d’Astor, comme Grégory, de bonne famille, avait plus que lui aimé Christine, et plus simplement. « Les tempêtes