Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la vie » n’avaient pas ébranlé sa conscience, puisque, depuis deux ans seulement, il avait quitté le château qu’il habitait au cœur de la forêt des Ardennes, pour venir habiter Bruxelles et en voir le-monde. Il fut donc, comme les gentilshommes campagnards, un simple du vice qu’il ne fit que coudoyer, et lorsqu’il songea à Christine, ce fut avec une presque candeur. Souvent il avait eu avec le duc de Perriane des discussions interminables à propos de cette candeur — le mot est-il juste ? — qu’il gardait intacte en lui.

— Nous sommes en pleine décadence des races, disait Grégory.

— Parle pour toi, ripostait d’Astor, je n’admets pas cette prétendue décadence que vous nous jetez à la tête comme un défi. Les poires n’ont pas à se vanter d’être blettes.

— Non, mais le faisan peut se vanter du parfum de sa pourriture.

— Pourquoi parlez-vous de décadence, nous sommes des éteints et des désolés pour vous autres, et vous croyez avec une douce na’iveté les fumisteries de votre littérature. On vous met en main et dans la tête des chosettes intitulées A Rebours ou autre chose, vite ! vous criez par portes et fenêtres : Nous décadons, vous décadez, ils décadent ! tiens, tu me fais pleurer. Mais je ne décade pas, moi ; je suis très solide, moi, de corps et d’esprit, je fais bras de fer pour l’un et mon devoir pour l’autre, je n’ai pas de vices biscornus, j’ai des sens qui sont pleinement satisfaits par les assouvissements normaux, et quand vous venez me parler d’androgynes, de lesbisme, de sodomisme et d’un tas d’inventions