Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/31

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byzantines ou autres, j’ai envie de vous dire : allez vous laver ! ils peuvent aller à Jéricho, vos décadents ! cela n’empêchera pas un tas de bonshommes comme moi d’en faire d’autres ; votre décadence, c’est une excuse pour ne plus…

Ces discussions entre les deux hommes avaient naturellement servi à les réunir davantage. Brusques et de langage libre, entre eux, ils apportaient chez la baronne un raffinement contrastant de causerie élégante, et leur discrétion avait été jusqu’à ne faire leur cour à Christine que l’un devant l’autre, en sorte que, quoique adversaire de l’autre, chacan pût marquer les points.

Lorsque le mariage fut décidé, d’Astor admit sa défaite sans révolte, mais, avec une sorte de dévouement religieux, il voulut veiller de loin sur celle qu’il avait choisie et qu’un autre avait prise. Cette espèce de surveillance à distance lui fut d’autant plus aisée qu’il ne perdit pas un instant de vue les jeunes mariés. Ceux-ci, en effet, ne firent point de voyage de noce. Ainsi, d’accord avec Grégory, en avait décidé la baronne de Silvère : les voyages de noces, disait-elle, sont un peu comme ces vins qu’on vide avant qu’ils n’aient eu le temps de se parfumer ; c’est la gloutonnerie de l’amour.

Cette gloutonnerie, le duc de Perriane ne l’eut pas. Avec une discrétion respectueuse, il fit une femme de cette vierge qu’pn avait livrée au gentilhomme plus qu’à l’époux, et dont on attendait plutôt une amitié amoureuse qu’une passion d’amant.

Christine ne fut point surprise. Ayant vécu, comme sa mère, dans l’apaisement de sa race, elle aima surtout en