Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

brugeoise, et dans leur fille, la vivacité de l’un s’était fondue dans la placidité originelle de l’autre.

Jacques d’Astor visitait souvent l’hôtel de la rue Montoyer ; il se trouvait heureux dans ce jeune ménage qui ne voulut point se faire une solitude égoïste, et qui chercha même à grouper autour de soi les rares amis dévoués qu’il comptait.

Bien des fois, Christine se trouvait seule avec Jacques dans le petit boudoir où elle se tenait d’habitude et que Grégory lui-même avait décoré, fouillé, chiffonné, orné de bibelots rares, aux teintes fondues par le brouillard endormeur du temps. La jeune duchesse recevait d’Astor simplement, sans trouble. Il s’asseyait à ses pieds, sur un tabouret, et le jour baissait parfois sans qu’ils pensassent à interrompre la causerie.

Parfois, à ces moments, un pas, assourdi par les portières, se faisait entendre.

— Voilà Grégory ! disait-elle.

Celui-ci entrait : Bonjour, ami ! Bonjour, toi ! As-tu vu les autres ?

— Qui, ceux du Scotch ? oui, hier soir !

— Rien de nouveau ?

— Toujours aussi ennuyeux, sauf van Steen. Clergery va être poursuivi pour chantage, paraît-il ?

— Ah bah ! Allons tant mieux ; quelle ignominie nouvelle a-t-il commise ?

— On dit qu’il vient d’écrire un pamphlet contre des peintres de sa connaissance et qu’il a tenté de se faire graisser la patte pour se « faire taire ».