Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/51

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En ce moment, la grande Lucy était la maîtresse en titre de van Steen et Panpan celle de de Leuze qui collaborait à son « futur roman » un roman qui n’en finissait pas d’être futur.

Grande et svelte, avec un nez aux narines dilatées, une grande bouche en coup de sabre, aux lèvres très rouges, simplement élégante comme une Parisienne qu’elle était, Lucy Bijou avait la manie du théâtre. Elle avait débuté dans la troupe de Judic qu’elle suivit un peu partout dans le monde, en Russie comme en Amérique, tournée dont elle était revenue en Belgique avec un opulent coffret de bijoux qu’elle « lavait » au besoin, lorsqu’elle se refaisait une virginité, caprice qui d’ailleurs lui prenait rarement. Elle fut engagée au théâtre de l’Alcazar, dans un rôle de féerie où elle fut remarquée par le baron van Steen. Celui-ci lui offrit des bouquets de roses rouges comme les lèvres de la charmante, de roses roses comme ses joues et des papillons de diamants comme son cœur.

De Leuze, qui se piquait de littérature et avait même écrit un petit acte que le théâtre du Parc avait joué avec succès, s’était attaché Mme de Prelle qui ressemblait à Sarah Bernhardt sauf par ses cheveux qui étaient noirs et sa taille qui était petite. Un paquet de nerfs, du bagout et une plume alerte.

Lucy Bijou potinait sur le dos des actrices, Panpan sur le dos des écrivains et de Leuze, van Steen s’unissaient à de Perriane pour démolir le grand monde

— Vous savez, la marquise de X., filée hier avec un officier des guides.