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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/53

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chaque éclair de ces yeux mystiques, tantôt clairs et purs comme ceux des madones, tantôt sombres, caves, pleins de désirs pervers et demandant de toute leur flamme des assouvissements éperdus.

Retrouver tout cela, arracher pour un instant à l’Impossible ces sensations étranges et délectables, se revoir dans les bras l’un de l’autre, tandis que la veilleuse aux fleurs de sang laisse couler sur la chambre, sur l’alcôve, sa lumière sacrée, broyer sous le pied rude de son vouloir les jours et les nuits qui ont tissé leurs mailles sur la vie, redevenir le jeune homme d’il y a quatorze mois !

Et cela ne se pouvait !

Un vendredi, l’aréopage du Scotch-Tavern décida d’organiser un picknick, à la campagne.

— Moi, dit Panpan, avec un geste chaste de pensionnaire, j’ai besoin d’air pur, de papillons et de fleurs des champs.

— Mon idole, mon scarabée d’or, fit de Leuze, tu me touches :

// est jour, levons-nous, Philis,

Allons à notre jardinage

Voir s’il est comme ton visage

Semé de roses et de lys !


— Assez, hurla van Steen, si vous ne voulez pas que je vous dise du Corneille.

— Soyons graves, pour rire, dit la grande Lucy, et organisons les choses avec génie. Toi Steenette, tu te charges des choses sérieuses : rôti froid, poulets, foie gras, petits pains,