Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et caetera et le reste, le reste surtout ; d’Astor a la partie fluviale : vins, Mumm et rincettes ; de Leuze les exquisitos et les cigarettes ; tu sais, pour moi il en faut de russes de chez le père Arangelovitch, avec embouchures ; Perriane, en sa qualité d’homme grave, est responsable de la vaisselle et des argenteries ; moi je regarde, Panpan m’aide. Et, à demain, « voici le couvre-feu messeigneurs. On vous attend à la deuxième tour du Louvre. Et nous, enfants, à la tour de Nesle ! » viens-tu Albert ?

Lorsque Grégory rentra chez lui, ce soir là, moins sombre que de coutume, il vit, éclairées, les fenêtres du boudoir de Christine, bien qu’il fût deux heures de la nuit. Il allait s’informer d’où venait l’étrange dérogation aux habitudes régulières de sa femme, lorsqu’un domestique vint le prévenir, en le recevant, que Madame la duchesse l’attendait.

Le boudoir de Christine était petit. Un large divan de satin vieil or sur lequel était jetée, à la moitié de la longueur, une épaisse peau d’ours noir dont la tête pendait à l’extrémité, en faisait, avec un secrétaire italien incrusté d’ivoire, deux poufs de satin vieil or, un guéridon-trépied en bronze de Gouttière, et deux Corot vaporeux suspendus aux murs tendus d’une étoffe sombre frappée de palmes vieil or, l’ornementation simple en même temps que sévère. La chambre était éclairée par deux girandoles en bronze noir dans lesquelles brûlaient des bougies. Une odeur vague de lavande parfumait discrètement ce boudoir où Christine passait la plupart de ses soirées, lorsqu’une représentation à l’Opéra