pour la première fois le domaine de sa femme, — ou plutôt celui de la baronne de Silvère, qui devait le laisser plus tard à Christine, — Grégory fut émerveillé.
Dans l’encadrement de la porte monumentale, la jeune duchesse attendait. Elle était vêtue d’une robe collante en velours noir frappé, sans aucune garniture ; les bras nus portaient encore le bracelet rouge et les cheveux relevés en une torsade japonaise piquée de longues aiguilles de corail ; LA TOILETTE EXACTE QUE PORTAIT LA COMTESSE LYSIANE DE LYSIAS A LA PREMIÈRE REPRÉSENTATION D’Hérodiade.
Coïncidence bizarre et bizarre caprice, pensa Grégory, troublé par cette sorte d’avatar qui lui rendait Christine plus captivante encore que le jour où ils avaient rompu.
— Eh bien, duc mon époux, vous serez donc toujours ahuri en me voyant. Je ne vous connaissais pas si timide.
— Eh, madame, si l’admiration me retient le verbe ! Savezvous bien, ajouta-t-il plus bas, que je regrette ma parole.
— Tu ne mangeras pas le fruit de l’arbre de la science, et aussitôt le premier homme eut envie d’en manger…
— Envie oui, mais il en mangea…
— D’accord, mais il s’en repentit.
— En êtes-vous bien sûre, châtelaine, riposta le duc en riant.
— Certainement, dit-elle d’une voix grave.
Le premier repas au château de Marie-à-la-Bruyère fut absolument joyeux. Une dizaine de chasseurs, parmi lesquels les trois intimes de Grégory, quelques dames, et comme