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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/69

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Mais elle voulait écraser sous elle la Lysiane, et sa volonté lui rendait le matin ce visage indifférent et calme qui semblait ne la jamais quitter.

L’hiver approchait ; l’air glacé passait librement à travers les branches dénudées des arbres et le vent soulevait le lit des feuilles jaunes qui déjà jonchaient le sol ; un à un, les chasseurs déposèrent leurs fusils dans les rateliers et prirent congé de la châtelaine. En octobre, la duchesse de Perriane proposa au duc de rentrer à la ville. Celui-ci ne demandait pas autre chose. Sur le terrain de la capitale, le sien, il lui sembla qu’il serait plus fort, que les grands feux d’hiver amolliraient et fondraient la glace amoncelée au cœur de Christine ; mais, quelques heures après son arrivée, toutes ses espérances furent, une fois de plus, déçues. La jeune femme continua d’exiger qu’il annonçât ses visites et que celles-ci fussent aussi courtes que celles d’indifférents. Lorsqu’elles se prolongeaient, la duchesse rompait la conversation, d’un mot très froid, et se retirait en prétextant quelque course.

Sans paraître coquette, elle déploya toutes ses séductions ; sa mise toujours étonnamment simple, répudiait les bijoux et les broderies ; elle seule, sa beauté, voulait avoir tout le rayonnement, ne rien devoir aux artifices de la mode, cet opportunisme de l’étoffe, comme l’appelait d’Astor.

Le soir, à l’Opéra, elle recevait dans sa loge, comme dans son salon, les jeunes gens de l’aristocratie qu’avait attirés, comme les phalènes une lampe, son charme élégant. Pendant les entr’actes, des discussions artistiques, dans lesquelles jamais Christine n’eut le dessous, s’engageaient à propos de la musique exécutée, du dernier Salon, du livre paru.