Dans ces données, nous en étudiions la nature, les causes, les conséquences. Il se trouve à présent que ces conséquences se résument en l'obtention, dans certaines limites, du maximum d’utilité. Par là, ce fait devient un principe d’intérêt, ou une règle dont il n’y a plus qu’à poursuivre l’application détaillée à l’agriculture, à l’industrie, au commerce, au crédit. Ainsi, la conclusion de la science pure nous met au seuil de la science appliquée. Que l’on remarque combien tombent ici d’elles-mêmes certaines objections à notre méthode. On nous disait entre autres choses : « La libre concurrence absolue n’est qu’une hypothèse. Dans la réalité, la libre concurrence est entravée par une infinité de causes perturbatrices. Il n’y a donc aucun intérêt quelconque, sinon de curiosité, à étudier la libre concurrence en elle-même et dégagée de ces éléments de perturbation qu’aucun calcul ne saurait mesurer, dont aucune formule ne saurait tenir compte. » L’erreur de cette opinion se révèle pleinement. À supposer qu’aucun progrès ultérieur de la science ne permette d’introduire et de faire figurer les causes perturbatrices dans les équations de l'échange et de la production, ce qu’il est peut-être imprudent et certainement inutile d’affirmer, ces équations, telles que nous les avons établies, n’en conduisent pas moins à la règle générale et supérieure de la liberté de l’échange et de la production. Cette liberté procure, dans certaines limites, le maximum d’utilité ; donc les causes qui la troublent sont un empêchement à ce maximum ; et, quelles que puissent être ces causes, on en aura suffisamment tenu compte en concluant qu’il faut les supprimer autant que possible.
C’est bien là, en somme, ce que les économistes ont déjà dit en préconisant le laisser-faire laisser-passer. Malheureusement, il faut bien le dire, les économistes jusqu’ici ont moins démontré leur laisser-faire laisser-passer qu’ils ne l’ont affirmé à l’encontre des socialistes, anciens et nouveaux, qui, de leur côté, affirment, sans la démontrer davantage, l’intervention de l’État. Je sens qu’en m’exprimant ainsi je vais heurter quelques susceptibilités. Et cependant, on me permettra bien de le demander : Comment les économistes auraient-ils pu démontrer que les résultats de la libre concurrence étaient bons et avantageux s’ils ne savaient pas au juste quels étaient ces résultats ? Et comment l'auraient-ils su quand ils n’avaient ni posé les définitions, ni formulé les lois qui s’y rapportent et les constatent ? C’est là une raison a priori ; en voici d’autres a posteriori. Lorsqu’un principe est scientifiquement établi, la première chose que l’on peut faire, en conséquence, c’est de discerner immédiatement les cas où il