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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/112

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mais ce ne fut pas pour longtems ; car dès le lendemain, qui étoit le 7 le gros tems revint avec éclairs et pluies, et nous obligea à remettre à la Cape jusqu’à la nuit. Nous admirions que tant et de si fortes tempêtes ne nous eussent couté qu’une Vergue du Gloucester : mais notre étonnement cessa bientôt, car dès trois heures du matin, plusieurs coups de canon, tirés au dessous du vent, nous donnèrent des signaux de détresse. Le Commandeur fit signal à toute l’Escadre d’arriver. Au point du jour, nous découvrimes le Wager, fort en dessous du vent à tous les autres Vaisseaux, et nous apperçumes qu’il avoit perdu son mât d’Artimon, et la Vergue de son grand Perroquet. Nous nous approchames de ce Vaisseau, et nous apprimes que la cause de son malheur n’étoit que la mauvaise qualité de sa ferrure, et que tous les Caps de Mouton du côté du vent s’étoient rompus, dans le moment d’un violent roulis. Le malheur étoit d’autant plus grand pour ce Vaisseau, que son Charpentier se trouvait à bord du Gloucester, où le gros tems l’avoit retenu depuis le 31 de Mars. Le Wager ne fut pas le seul Vaisseau de l’Escadre qui souffrit de cette tempête ; le lendemain, la Pinque Anne fit aussi un signal de détresse, et nous apprimes du Maître, que leur Etai du mât de Misaine et le Hauban de Beaupré étoient cassés, et qu’ils avoient été prêts de perdre tous leurs mâts : nous fumes obligés de les attendre, jusqu’à ce qu’ils se fussent remparés, après quoi nous reprimes notre cours.

II y avoit sept semaines que nous étions bien battus de la tempête et agités des plus cruelles inquietudes ; et nous commencions à nous flatter de voir bientôt la fin de ces maux, et de nous trouver dans des Climats plus doux, où nous pourrions nous dédommager amplement de tout ce que nous avions souffert. Car vers la fin de Mars, nous nous faisions раr notre estime, à 10° à l’Ouest de la Terre de Feu, et comme cette distance est double de celle, que les Navigateurs jugent nécessaire, pour compenser l’effet des Courans de l’Ouest, nous nous croyions bien avancés dans la mer du Sud, et nous courions depuis longtems la bande du Nord, autant que le mauvais tems et nos fréquens désastres le permettoient. De plus le 13 d’Avril, nous n’étions qu’un degré en Latitude au Sud de l’Embouchure Occidentale du Détroit de Magellan ; desorte que nous comptions de gouter en peu de jours la tranquillité tant vantée de la mer Pacifique.

Mais ces flatteuses idées, n’étoient qu’illusion, et nous ne tardames guère, à payer bien, cher le plaisir qu’elles nous avoient fait. Le lende-