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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/114

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CHAPITRE IX


Avis aux Navigateurs qui voudront doubler le Cap Horn.


Tous les malheurs, que nous avons éprouvés dans le cours de notre voyage, doivent être imputés aux retardemens qu’on nous fit essuyer avant notre départ d’Angleterre, ces retardemens ayant été cause que nous arrivames dans les Mers du Sud, pendant la plus mauvaise saison de l’année. Delà la dispersion de nos Vaisseaux, le dépérissement de nos Equipages, et la réduction de notre Escadre de l’état propre à tenter quelque entreprise considérable où nous étions lorsque nous passames le Détroit de le Maire, à deux Vaisseaux et un petit Bâtiment délabrés au point de ne pouvoir qu’à peine tenir la mer. Pour mettre autant qu’il est possible ceux qui entreprendront à l’avenir le voyage de la Mer du Sud, à couvert de pareilles infortunes, j’ai cru devoir rapporter ici les réflexions que m’ont fourni ma propre expérience et la conversation de nos plus habiles Navigateurs, touchant la manière la plus convenable de doubler le Cap Horn, par rapport à la saison où il faut tenter ce passage, au cours qu’il faut suivre, et aux lieux de rafraichissement à l’Est et à l’Ouest de l’Amérique Méridionale.

A l’égard d’un lieu de rafraichissement à l’Est de l’Amérique, l’Ile de Ste. Catherine, a jusqu’à présent été recommandée par plusieurs Auteurs ; et c’est sur leur parole que nous y relâchames. Mais la manière dont nous y fumes reçus et le peu de rafraichissemens que nous y trouvames, suffisent pour détourner ceux qui nous suivront, de l’idée de relâcher dans le Gouvernement de Don Jose Sylva de Paz ; à moins qu’ils ne veuillent bien que les Espagnols soient informés de leur forces et de leurs desseins, pour autant que le Gouverneur en aura connoissance. Or comme cette espèce de trahison a sa cause dans le commerce clandestin des Portugais avec les Etablissemens Espagnols vers l’embouchure de la Plata, la même cause agira probablement sur tous les Gouverneurs des Côtes du Brézil, où cette Contrebande a également lieu. Quand même les Gouverneurs seroient trop honnêtes gens pour commettre une pareille infidélité, le commerce est trop fréquent entre les ports du Brézil et de la rivière de la Plata, et trop de Bâtimens passent continuellement de l’un