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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/115

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de ces endroits à l’autre, pour que les Espagnols puissent manquer de recevoir avis de l’arrivée et de l’état de nos Vaisseaux ; Et quelque imparfais que fussent ces avis, c’en seroit toujours trop pour l’intérêt de nos Navigateurs. Tout le commerce des Espagnols dans la Mer du Sud, se fait constamment dans une même route du Nord au Sud, sans jamais s’en écarter ni vers l’Est ni vers l’Ouest, et deux ou trois Vaisseaux Croisiers bien postés, suffisent pour intercepter tous leurs Vaisseaux : mais cela n’a lieu qu’autant que ces Vaisseaux Croisiers peuvent rester ignorés ; car dès qu’il paroit un Ennemi dans ces Mers, les Espagnols envoient des Couriers le long de la Côte, et mette un Embargo sur tout leur commerce. Ils savent fort bien que cette précaution non seulement empêchera leurs Bâtimens d’être pris, mais ne peut manquer de réduire bientôt l’Ennemi à la nécessité de vuider ces Mers, à moins qu’i ne fût assez fort pour en attaquer les Places. On voit par-là de quelle importance est le secret dans de pareilles expéditions, et par conséquent que les Vaisseaux qui y sont destinés, doivent éviter soigneusement les Côtes du Brézil.

Il seroit cependant possible que des Vaisseaux destinés à ce voyage fussent absolument obligés de toucher au Brézil, pour y faire du bois, de l’eau et se pourvoir d’autres rafraichissemens ; dans ce cas même Ste. Catherine est la dernière place que je voudrois leur recommander. Premièrement les Animaux qu’on prend en vie dans les Vaisseaux, pour y avoir un peu de viande fraiche, tels que Cochons, Moutons et Volailles, ne s’y trouvent pas ; nos Equipages s’en apperçurent, et souffrirent beaucoup pour avoir été réduits à la seule viande salée. En second lieu, cette relâche est trop voisine de la rivière de la Plata, et les Espagnols ont trop d’occasion d’être informés de tout ce qui y arrive. Il vaudroit mieux aller à Rio Janeiro, où deux Vaisseaux de notre Escadre relâchèrent après notre séparation au passage du Cap Horn. Je sai des Officiers de ces deux Vaisseaux, qu’on peut trouver dans ce port quelques Cochons et quelques volailles : et comme il est assez éloigné de la rivière de la Plata ; le commerce entre ces deux endroits n’est pas fréquent, et on seroit moins en danger d’être découvert aux Espagnols. Il y auroit d’autres mesures à prendre moins sujettes aux inconvéniens, et nous en parlerons dans la suite.

A l’égard de la route qu’il faut tenir pour doubler le Cap Horn, je crois être suffisamment fondé, tant sur notre propre expérience, que sur la comparaison des Journaux d’autres Navigateurs, à donner un avis qui me paroit de la dernière nécessité : c’est de conseiller à quiconque vou-