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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/117

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accumulées sur quelque Côte qu’elles rencontrent en leur chemin, s’échappent le long du rivage, leur superficie tendant toujours à se mettre de niveau avec le reste de l’Océan. il est de même fort probable que ces vents que nous trouvames bien plus violens vers les Côtes, que ceux qui soufflent à la latitude de 60° ont aussi une cause pareille ; car le vent d’Ouest règne ordinairement dans la partie Méridionale de la Mer Pacifique, et ce Courant d’air est arrêté par la hauteur prodigieuse des Andes, et des Montagnes de la Terre de Feu qui traversent tout ce Païs, jusqu’au Cap Horn. Il n’y a qu’une très petite portion de ce Courant d’air qui puissent s’échapper par dessus le sommet de cette chaîne de Montagnes ; le reste doit nécessairement glisser le long de la Côte, vers le Sud, jusqu’à ce qu’il gagne le Cap Horn, et forme, en doublant cette pointe, ces fameux coups de vent qu’on y essuye. Quoiqu’il en soit, et sans trop insister sur ces spéculations, c’est une chose de fait que les Courans et les tempêtes ont beaucoup moins de force à la hauteur de 61° à 62° que vers la Côte de la Terre de Feu.

Je suis donc très persuadé, tant par notre expérience que par les relations des autres Navigateurs, que l’avis que je donne, de gagner la Latitude de 61° à 62° avant de mettre le Cap à l’Ouest, est aussi important qu’utile. Un autre avis, non moins nécessaire, est qu’il ne faut entreprendre ce passage que dans le milieu de l’été, c’est à dire, pendant les mois de Décembre et Janvier. Plus on s’éloignera de cette saison, plus on trouvera d’incommodités et de périls. A la vérité, si on ne fait attention qu’à la violence des vents d’Ouest, le tems où nous fimes notre passage, qui étoit vers l’Equinoxe, paroitra le moins favorable ; mais d’un autre côté, dans le milieu de l’hiver on seroit exposé à d’autres inconvéniens encore plus grands encore. Le froid excessif et les jours courts ne permettroient pas de faire route au Sud, aussi avant que je viens de prouver qu’il est nécessaire : ces mêmes raisons rendroient plus terrible encore un voyage fait le long de bords inconnus, dangereux et affreux même au cœur de l’été. Enfin je conseillerois toujours à tous Navigateurs de tenter ce passage dans les mois de Décembre et de Janvier, autant qu’il sera possible, et sur-tout de ne pas s’exposer aux mers, situées au Sud du Cap Horn, après le mois Mars.

Reste à parler d’un endroit de rafraichissement pour des Vaisseaux de Course à leur arrivée dans la Mer du Sud. A cet égard il n’y a presque pas de choix, et il n’y a que l’Ile de Juan Fernandez qu’on puisse recom-