Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/118

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mander pour cet effet, avec quelque espèce de prudence. Il est vrai que la Côte Occidentale des Patagons entre le Détroit de Magellan et les établissemens des Espagnols, ne manque pas de Ports, où des Vaisseaux seroient en sureté et trouveroient de l’eau, du bois, et quelques autres rafraichissemens : je donnerai même dans la suite le Plan d’un de ces Ports. Mais la Côte des Patagons est si terrible, par les Rochers et les écueils dont elle est pleine, aussi bien que par la violence des vents d’Ouest qui donnent toujours sur cette Côte, qu’il n’est nullement à conseiller de s’en approcher, au moins avant que les Rades, Canaux, et lieux d’Ancrage en ayent été reconnus, et qu’on ne soit plus au fait et des dangers qu’on y court et des lieux d’abri qu’elle offre.

Ce sont là les meilleures directions que je puisse fournir à ceux de nos Navigateurs qui seront à l’avenir destinés pour la Mer du Sud ; et je n’aurois plus qu’à reprendre le fil de ma narration, si je n’avois dessein dans tous le cours de cet Ouvrage, de contribuer à l’instruction de nos gens de Mer, et d’inculquer tout ce qui peut servir à l’utilité publique. Je ne puis donc quitter cet article sans supplier instamment ceux à qui la conduite de nos affaires navales est confiée, d’appliquer leur soins à lever les difficultés auxquelles la Navigation de ces Mers est sujette. Rien ne sauroit être plus honorable, ni plus avantageux à leur Patrie. Car il est évident que tous les progrès que l’art de la Navigation fait, ou par l’invention de méthodes qui en rendent la pratique moins hazardeuse, ou par une description plus exacte des Côtes, des Rades et des Ports connus, ou par la découverte de Nations inconnues et de nouvelles espèces de Commerce ; il est dis-je évident, que tous les progrès de la Navigation ne peuvent que tourner à l’avantage de la Grande Bretagne. Depuis que notre Marine a acquis une supériorité décidée sur toutes celles de l’Univers ensemble, nous ne pourrions sans une négligence, et dans une lâcheté extrême, nous laisser enlever les avantages que les nouvelles découvertes et la plus grande perfection de l’Art de naviguer peuvent procurer au Genre-humain.

J’ai prouvé ci-dessus que toutes nos entreprises dans la Mer du Sud courent grand risque d’échouer, tant qu’on sera obligé de relâcher au Brézil ; ainsi tout expédient qui pourroit nous affranchir de cette nécessité est surement digne de l’attention du Public. Le meilleur expédient à proposer seroit sans doute de trouver quelque autre endroit plus au Sud, où nos Vaisseaux pussent relâcher et se pourvoir des choses nécessaires pour leur voyage autour du Cap Horn. Nous avons déjà quelque connoissan-